Sorciers et guérisseurs sur l’île de Siquijor

Lorsqu’on dit à un philippin qu’on va aller sur l’ile de Siquijor, soit il est originaire de là bas auquel cas il est ravi que vous choisissiez de visiter son île, soit on vous demande si vous êtes fou ! En effet Siquijor est réputée pour ses sorciers et ses guérisseurs, et il parait qu’il y règne une étrange ambiance de magie noire! Et les philippins sont effrayés par ça et ne vont pas à Siquijor ! Ca m’intrigue !

Comme nous arrivons à minuit au port de Larena (ça me fout les pétoches du coup ces histoires de sorcières, sur le port tout le monde me semble louche !!), et qu’il va être difficile de trouver un bungalow à cette heure ci, Marvin me propose de dormir chez ses parents ; je passe donc la nuit (je ne dirai pas que j’ai dormi) sur une banquette dans le salon, sous le regard absent de « Lola » (la grand-mère, lola signifiant grand-mère) qui n’a plus toute sa tête et qui reste éveillée quand tout le monde dort.

Réveil ultra matinal, on me pose au milieu d’un groupe de personnes qui boit de la bière et mange des crabes alors qu’il est 7h du matin, probablement en pensant qu’un peu de socialisation matinale va me plaire….désolée mais là j’ai du mal à être sociable et souriante, j’ai juste envie de dormir ! Je bouge donc aux « Hard Rock Cottages » après le petit déj. Hard Rock Cottages ça porte bien son nom, mon cottage est perché sur les rochers, que les vagues viennent frapper à marée haute. On ne peut pas faire plus les pieds dans l’eau (c’est encore mieux qu’à Pamilacan), j’ai même un escalier qui descend directement dans l’eau.

Je sais c'est dur la vie!

Cependant ici à Siquijor, même à marée haute il faut faire des mètres et des mètres pour avoir les fesses dans l’eau, alors pour nager, il faut avoir le temps!

Je passe ma journée à comater sur ma terrasse mais c’est tellement bon ! Nous allons diner à Larena, LA ville du coin, c’est super grand par rapport au bourg de Bitaug où je loge et où y a….presque rien !

A partir de ma 2eme journée sur Siquijor les choses sérieuses commencent ! Je pars à la chasse aux sorcières !  Je loue un scooter à quelqu’un du village mais ce n’est pas un modèle de compet, rien de marche et toute l’île m’entend quand je démarre et quand je roule ! Marvin m’accompagne pour ce ½ tour d’ile (il faut environ 2h pour faire le tour de l’ile sans s’arrêter), pour découvrir villages, chutes, jungle, mangrove….un vrai trésor cette île ! Les chutes de Cambugahay sont une merveille de rafraichissement au milieu de la jungle luxuriante ; la ville de Lazi, avec son église, son couvent - le plus grand des Philippines, et son port, ont enchanté ma pause déjeuner. Nous traversons ensuite le parc national de Banilaan, où les routes de montagne sinueuses s’enfoncent dans la jungle, puis le village de San Antonio, réputé pour ses guérisseurs ! J’aurai peut être du aller en consulter un pour qu’il me donne une potion anti grattage de boutons de moustiques ! Nous en fait il faut y aller le matin (genre les gens quittent leur village à 3h) et faire la queue toute la journée pour avoir une consultation !

L'eglise et le couvent de Lazi

Le port de Lazi

Les chutes :)

Le parc national

San Antonio, village de sorciers!

Les paysages le long de la route

Nous rentrons en logeant la côte nord avec un dernier arrêt à Guinawon où la mangrove est particulièrement développée et où on peut loger dans des cottages dans les arbres, avec un confort minimal, mais une vue imprenable sur la mangrove !

Je ne crois pas avoir croisé un seul touriste occidental, qq philippins mais sinon Siquijor c’est hyper calme, et juste magnifique avec tous ces trésors….j’ai hâte d’être à demain pour en découvrir plus ! Cependant Marvin est d’un ennui mortel, il n’a aucune conversation et s’allonge pour dormir à chaque pause, c’est hyper intéressant. Demain je lui dirai qu’il peut rester dormir chez lui ça sera plus confortable ! J’aime pas trop qu’on me colle quand je visite, j’aime bien m’arrêter de partout, prendre mon temps, faire des photos, observer la lumière….et lui ça semble le gonfler plus qu’autre chose donc je vais me débrouiller seule !

Je passe une soirée (seule, ouf !) inattendue à Larena où il y a un festival de rue avec plein de stands pour manger, et un concert live, ainsi qu’un matche de basket ! J’ai adoré piquer des brochettes ici et là et les manger en regardant le basket, un match des plus acharnés et très passionnant! Ma mère s’arracherait les cheveux en sachant que j’ai aimé assister à un matche de basket, moi qui rechignais toujours à y aller quand j’étais petite ! J’adore cette île, décidemment j’ai de la chance, on ne m’a donné que de bons conseils pour le choix des îles où expérimenter la vie philippine !

Toutes les journées n’étant pas parfaites, ma moto ne démarre pas le lendemain. Après 2h de vains essais de démarrage (moi je ne faisais que regarder !) je décide de prendre un jeepney pour me rendre à la plage de Salagdoong, très réputée sur l’île….j’aurai du me méfier des endroits réputés aux philippines, c’est souvent synonyme de tourisme de masse, que j’apprécie modérément je dirai….je me retrouve donc sur un micro bout de plage payante, où personne ne se baigne mais où tout le monde loue une table avec parasol pour manger, et où on sent le poisson grillé après être restée 5 min sur la plage….bref, un bon coin à bobos !!

Par contre l’eau est d’une transparence qui frôle la perfection, et, point non négligeable, ça descend tout de suite assez profond, donc on peut nager !!

Les rizieres sur le chemin du retour

Le soir Marvin me convie aux matches de basket des équipes du coin, bon le niveau n’est pas celui de la veille, mais c’est super sympa d’être là avec la moitié du village (dont un quart sur le terrain, ah ah !!).

D’ailleurs en parlant de moitié, j’aime bien la description du Lonely Planet sur les portables aux Philippines : « la moitié de la population passe son temps à envoyer des textos à l’autre moitié »….ce n’est pas faux, ils passent leur temps à pianoter, je me demande bien ce qu’il peuvent se raconter, et surtout ça doit être hyper cheap !

Ah oui y a un autre truc qui m’a fait rire ce matin : comme tous les matins je me rends à la maison des parents de Marvin où l’on m’a préparé un café « Nescafé 3 en 1 » avec des petits pains. Une « cousine » (idem le truc très rigolo ici, quand on te présente quelqu’un y a 90% de chances pour qu’on te dise « c’est mon cousin ») vient faire la causette alors je lui propose du petit pain. Et là elle me dit « non tu sais ici ce n’est pas comme vous, on ne mange pas du pain au petit dej mais du riz, car tu comprends on travaille dur »….oui, ça fait 3 jours que je suis là et je vois surtout que vous passez tous votre temps à dormir, mais je te crois, pas de problème !!!

Et enfin 3eme chose, puisqu’on est dans les « généralités » : partout et à longueur de journée on entend des remixes technos de la chanson de Dirty Dancing, des chansons de Céline Dion ou de Katti Perry….du coup j’ai ça dans la tête du soir au matin !

 Mon scooter étant enfin en état de rouler (ou presque, je ne vais pas vraiment finir la journée tranquille) je pars, cette fois ci pour faire le tour de l’île….waouh !

Mon 1^er arrêt me permet de découvrir une belle plage à 2 pas de chez moi, avec des « resorts » au bord de l’eau. Le Kiwi Dive Resort me plait bien, la réceptionniste est très sympa et me dit que je devrai venir loger ici…après 5 min de réflexion, je décide de rester un peu plus sur Siquijor et de bouger au Kiwi Dive Resort où il y a un peu plus de vie que là où je loge, je suis la seule pensionnaire!

Le jardin de Kiwi!

Je revisite Larena, Siquijor (la ville – beaucoup moins grande que Larena, je suis étonnée) et San Juan. C’est la saison des fiestas qui vont se succéder de fin avril à mi mai dans les villes, je décide de faire un petit arrêt et on m’invite à manger du poisson grillé sur la plage, c’est trop gentil !  

Larena

Siquijor town

A San Juan, je découvre de magnifiques plages désertes, bordées de resorts luxueux où les gens restent au bord de la piscine à siroter des cocktails ! Il y a aussi des piscines naturelles au milieu de la ville, où l’eau est très fraiche, ça fait du bien….en fait je voulais pas me baigner mais juste tremper les pieds, et c’était tellement glissant que j’ai fini dans l’eau toute habillée (au moins ça c’est local, se baigner toute habillée !).

Les plages de San Juan :)

Les piscines naturelles

C’est aussi à San Juan que mon scooter me lâche, heureusement encore une fois 90% des philippins sont mécanos dans l’âme, et un gentil monsieur, sous le regard de sa femme aussi douée que lui en mécanique, me fixe tout ça sans accepter la moindre compensation ! Il me dit de ne plus m’arrêter avant d’avoir atteint la maison, c’est plus prudent !

En parlant d’argent et de rapport à l’argent, ce matin j’ai donné en douce un peu d’argent à Marjie, la maman de Marvin, pour l’attention qu’elle porte à me préparer le petit déj et parfois partager son diner, oui sa banquette de salon ( !!) avec moi….quand sur Pamilacan l’autre proprio blindé de thunes n’a pas hésité à venir fouiller dans mes affaires pour se servir, la maman de Marvin, qui ne roule pas sur l’or, a d’abord refusé l’argent, et devant mon insistance, l’a gardé et en avait les larmes aux yeux...moi aussi !

Bref, une journée magnifique que ce tour d’ile, ponctué de sourires et de gentillesses à chaque arrêt, dans des endroits plus beaux les uns que les autres ! Je suis contente de rentrer, je n’en peux plus de ce scooter ! Surement pour me remercier, Marjie a cuisiné du crabe au lait de coco, c’est juste succulent ! Encore une soirée basket (décidemment je n’ai jamais regardé autant de matches de basket de ma vie) avant de rentrer dans ma nouvelle maison, un bungalow plus  et qui ne donne pas sur la plage, mais avec un espace de vie commune des plus ravissants, au bord de l’eau !

Kiwi Dive Resort, c’est un espace de vie tout en chaises longues, hammacs, tables en bois, au bord de l’eau, sous les cocotiers, non loin d’une zone de formation de corail. C’est pour ça que j’ai déménagé ici, et il y a d’autres pensionnaires, un peu de vie sociale me fera du bien ! Car il n’y a pas beaucoup de touristes étrangers sur Siquijor, si j’en ai croisé 20 c’est bien le maximum ! Je passe ma journée à comater entre sieste et lecture, et lorsque la marée est basse, je parcours la plage pour observer la mangrove. La plupart des pensionnaires passent leur journée à plonger, donc c’est assez calme la journée (pas que ce soit très excité le soir, mais y a plus de vie). Et oh! au Kiwi Dive Resort ils proposent des massages ! Hop je m’en fais faire un, c’est du shiatsu, bon j’ai eu mieux comme shiatsu, elle n’y met pas vraiment de bonne volonté, mais ça fait du bien  quand même. Ce qu’il y a de bien c’est qu’on dine tous ensemble autour du bar, les plongeurs racontent leurs plongées, les voyageurs racontent leurs voyages, la réceptionniste Iden est vraiment très gentille et souriante….une bonne ambiance, bon enfant, rien de kéké ! Je suis bien contente d’avoir déménagé ici, c’est quand même moins glauque que mon cottage où je commençais à flipper en sachant que j’étais seule là bas au bord de l’eau, avec tous ces cafards qui sortaient du faux plafond la nuit ! Beurk !

 

Mon dernier coucher de soleil aux Philippines

La dernière journée sur Siquijor m’a réservé de bonnes surprises! Je suis partie explorer les coraux, mais finalement c’était assez décevant par rapport à Pamilacan, la plupart sont morts, la zone intéressante est assez restreinte, et il y a moins de poissons.

Je passe le reste de la matinée à papoter avec Roger, un suisse qui a fait le même voyage que moi, juste dans le sens contraire ! Et il a les mêmes impressions, et il a aussi un peu le mal du pays et envie de rentrer. On est super bien ici, mais la maison nous manque, ce n’est pas incompatible. Il me propose de me conduire à Larena où je vais prendre un bateau de nuit pour rejoindre la ville de Cebu où je suis arrivée il y a 3 semaines. Si j’avais pris un jeepney, ça m’aurait pris l’après midi !

Je suis triste de quitter cet endroit, je ne suis pas restée longtemps mais je m’y suis vraiment sentie bien, un havre de paix, un excellent endroit pour se ressourcer.

En arrivant à Larena, surprise, la fiesta a déjà commencée à Larena et il y a une parade dans les rues, un peu comme le défilé de la Biennale de la Danse ! Il y a 4 groupes qui enchainent leur chorégraphie dans les rues, puis ils arrivent au hall municipal et se produisent devant un jury. Les décors se déplacent, les personnalités de chaque bourgade défilent, un peu comme une cérémonie d’ouverture d’une manifestation sportive ! Il y a plein de monde, le soleil brille, c’est une explosion de couleurs et de percussions (ça me fait d’ailleurs penser à la danse africaine), et les performances sont vraiment très bonnes, avec de beaux costumes ! Quelle belle façon de terminer mon séjour sur l’ile, et surtout de passer l’après midi en attendant le bateau, je me voyais déjà passer 4h sur internet en attendant !