En dansant la Javanaise partie III : découverte de la culture sundanese à Cianjur, Java ouest
Dernière journée à Yogya avant le train de nuit pour Bandung vers l’Ouest, puis Cianjur, une petite ville où Yudi, un javanais, a créé une sorte d’écotourisme avec logement chez l’habitant, visite de la région et participation aux activités du village. Ma presque dernière étape indonésienne !
Lorsque nous étions au spectacle de Ramayana, nous avons discuté avec Virginie, une française expatriée depuis 4 ans à Nouméa, qui fait un petit tour d’Asie du Sud Est avant son retour en France.
J’ai passé ma dernière journée à Yogya avec elle, à discuter, et elle a décidé de venir avec moi à Cianjur pour ses dernières journées sur Java, plutôt que d’aller se perdre dans l’enfer de Jakarta.
Virginie est infirmière, et en discutant, MSF, mission, on découvre qu’on a une connaissance commune, Christelle Scaparone, qui fait partie de MSF à Lyon et qui a aussi travaillé en Ouganda sur le terrain où je suis partie en 2005 ! Que le monde est tout petit petit !!
Elle me raconte plein de choses sur la Nouvelle Calédonie, dont je ne connais absolument rien !
Et aussi ses excursions à Lomboc, et aux volcans Kawah Ijen et Bromo…..elle a été beaucoup plus courageuse que moi !
Car oui, et les volcans indonésiens, me direz-vous ? Pourquoi n’es tu pas allée voir 1 ou 2 volcans, avec toute la batterie disponible en Indonésie ?
Et bien, et bien, que dire… ?
Comme vous le savez, je suis arrivée en Indonésie à reculons, ma motivation des 1ers mois de voyage avait perdu de sa superbe, et les petites mésaventures de la fin des Philippines et de l’arrivée à Bali m’ont qq peu mise sur les rotules. A Bali, je n’aspirais qu’à une chose : être tranquille, et ne pas me confronter à qui que ce soit !
Et quand on lit les guides, les forums, vouloir approcher, ou monter sur un volcan (mont Batur à Bali, Bromo et Kawah Ijen à l’Est de Java) promettent de bons combats avec les guides locaux. Les volcans représentent une grande partie du tourisme en Indonésie, et ça peut faire peur, vu de l’extérieur, de se faire agresser à l’arrivée sur les sites . Pour ma part, je n’avais pas envie de me retrouver face à une horde de guides ou d’agences de treks en arrivant sur l’Est de Java, ou au mont Batur. Je sais que ces volcans sont impressionnants, et que c’est un peu sacrilège de les zapper quand on vient en Indonésie, mais je n’avais tout simplement pas envie de dépenser beaucoup d’énergie pour organiser ces ascensions. De l’énergie, à ce moment là, je n’en avais plus. Je n’en ai encore, à l’heure actuelle, plus tellement, même si ça va mieux.
D’après ce que m’a raconté Virginie, ce n’était pas si difficile, elle a tout fait toute seule comme une grande, avec des locaux qui l’ont transportée ici et là, et elle a vécu de très bons moments, et elle dit surtout que c’est extrêmement impressionnant !
Je ne regrette pas, à ce moment là ce mon voyage, c’était comme ça, et j’avais plus envie de prendre mon temps, de réfléchir, que de courir et essayer de voir, moi aussi ces volcans. C’est une originalité, Java sans l’ascension d’un volcan, je l’ai fait plus cool, la fille qui n’a pas envie de se lever tôt pour voir un magnifique lever du soleil !
Voilà pour le chapitre « pourquoi je n’ai pas vu de volcan en Indonésie »….ceci dit j’en ai vu des volcans, mais de loin, je ne les ai pas approchés, ni fait l’ascension, mais ce que j’ai vu me satisfait pleinement !
Bref, nous voilà dans le train de nuit pour Bandung, Virginie et moi. Même si les sièges sont confortables (pas de couchette en Indonésie), on n’a pas dormi, à cause des nombreux arrêts, de la lumière, des fumeurs…..encore 2h de bus et nous voilà à Cianjur, petite ville de l’Ouest de Java, où Yudi et ses amis ont créé un programme de logement chez l’habitant (Yudi lui-même) et de découverte de la culture de cette partie de Java. De nombreuses excursions sont proposées par Yudi et ses amis, qui parlent très bien anglais et d’autres langues, le français en l’occurrence.
http://www.cianjuradventure.com/
Dès notre arrivée, David, un prof de géo qui parle très bien français et « qui adore la France » (il n’y est jamais allé) s’occupe de nous.
Il nous emmène à un mariage hyper classe, nous avons un peu l’air de ploucs avec nos plus belles vieilles fringues, tout le monde est sur son 31, avec une dominante de rouge. C’est le défilé pour les photos, puis le déjeuner. La plupart des femmes sont voilées, et selon les « règles de vie » indiquées chez Yudi, il est interdit de sortir les épaules et les genoux dénudés.
(Merci à Virginie de m'avoir généreusement donné ses photos!)
Après le mariage David nous emmène visiter la mosquée et nous fait faire le tour du marché traditionnel.
Cianjur est une ville finalement assez grande avec plein de petites rues de partout, pas facile de s’y retrouver seule ! Heureusement ils s’occupent bien de nous, et la ville est desservie par moults mini van donc on peut toujours montrer l’adresse pour rentrer si on s’aventure seul en ville !
Il y a peu de touristes ici, du coup nous sommes regardées de façon un peu insistante, et pour couronner le tout tous nos efforts d’apprentissage du bahasa indonesia (qui se résume à Bonjour et Merci pour moi) sont vains puisqu’ici on parle le Sundanese (à ne pas confondre avec le sudanese)….bref, ils parlent pour nous !
En tout cas elle me parait sympa cette ville, avec son centre autour du marché, de la grande mosquée, et des bureaux du gouvernement. Il y a ici encore qq bâtiments datant de la colonisation hollandaise, qui donnent un beau cachet au centre ville.
Après une bonne nuit dans notre cage à lapin (notre chambre) adjacente à la cuisine et à la salle de bain (je pense que le Lonely, très enthousiaste par rapport au programme de Cianjur, n’a pas du voir notre « chambre »), c’est journée de marche dans les rizières pour atteindre un village rural où nous prendrons notre déjeuner. Ici, le riz est déjà repiqué, les champs sont aussi en terrasse pour la plupart, il fait beau, l’eau des rizières brille sous le soleil. C’est calme, on passe de petits villages de qq maisons devant lesquels les enfants jouent.
Notre hôtesse, une dame d’un certain âge très gentille et très souriante, nous a préparé un bon déjeuner, on goute aussi le sucre roux fait à partir de la sève de palmier, très bon (on dirait du caramel) et on fait une petite sieste avant de repartir dans les champs.
David et moi sur le chemin, à l'arrière d'un pick up
Préparation du sucre de palme
Après le déjeuner
Comme il est encore tôt David décide de nous emmener voir la plantation de thé Gede, avec l’usine, puisque Virginie part demain. C’est une bonne 1/2h de mini van chaotique pour atteindre le sommet, où la plantation s’étend à perte de vue, sous le Gunung Gede, dans la brume à cette heure ci. Tout comme les rizières, j’adore les plantations de thé, surtout sous le soleil (là c’est raté !) car les feuilles de thé sont d’un vert très lumineux.
Malheureusement l’usine est déjà fermée et on ne peut pas voir le processus….en même temps, vu le bâtiment, j’aurai tendance à dire que je suis contente de ne pas y être entrée !!
On redescend à pieds en coupant par les plantations de thé car il faut rejoindre la route principale pour trouver un transport….la brume se lève et la nuit tombe, hum hum ça doit être original de passer la nuit au milieu d’une plantation de thé !
Bon on y arrive quand même, mais la journée n’est pas finie, David nous invite à diner chez lui pour nous montrer tous ces livres en français, il est tellement fier ! Moi j’en peux plus, et là les petites voisines, qui sont des élèves de David, viennent pour voir « les boulets » (oui c’est comme ça qu’on nous appelle ici, très glorieux….pour ma part je ne pense pas que je referai le boulet une seconde fois….). Elles sont toutes timides et passent 10 min à pouffer entre elles, puis ça va mieux et là c’est la séance de photos avec portables dernier cri qui commence….misère ! Bon ok j’exagère, elles sont mignonnes, mais qu’est ce que ça me gonfle ce genre de choses quand j’ai envie d’aller me coucher !!
La fameuse séance photos
Bref…..c’est mon côté grognon qui ressort, de temps en temps !
On a quand même mangé d’excellentes brochettes de poulet à la sauce arachide avec la spécialité de Cianjur, le lontong, du riz gluant cuisiné avec du tofu dans du lait de coco, pas mauvais du tout !
Mes 2 dernières journées à Cianjur auront été illuminées par un groupe de jeunes musiciens chanteurs danseurs, bref des artistes. Virginie est partie ce matin, je suis flagada, je n’ai pas envie de faire grand-chose. Je demande un massage et je me retrouve un peu revitalisée après une heure de pressions énergétiques de la part d’une petite vieille !
Je vais donc à l’atelier de musique « Percéka », qui est aussi une activité proposée par Yudi. Il s’agit tout simplement d’assister à leur cours de musique traditionnelle sundanese, ce n’est pas une représentation, et on peut aussi participer. Grande artiste que je suis, je pense que je vais m’abstenir !
Cliquer sur Translate pour avoir la page en anglais!
Percéka a été créé il y a qq années par Pa Tatang (Pa = Monsieur), un petit monsieur édenté tout gentil, dont 3 des enfants font parie du groupe. Sa plus jeune fille s’est illustrée dans de nombreux concours de kacapi (instrument à cordes typique de Cianjur), en Indonésie et à l’étranger. Elle peut aussi jouer d’autres instruments, dont le gamelan, sorte de xylophone aussi typique de Cianjur, chanter, danser….comme la plupart des autres jeunes qui font partie de Percéka. Ce sont des artistes, pluridisciplinaires, d’ailleurs « Percéka » signifie pluridisciplinaire.
Il y a une ambiance des plus détendues et des plus agréables au sein de ce groupe de jeunes. Ils me font une petite démo de musique sundanese, et Pa Tatang veut que je joue aussi…..rrrrrrr je suis pas douée moi ! J’ai vraiment pas le rythme !
3 des élèves (merci à eux de m'avoir aussi donné leurs photos!)
Pa Tatang croit que je peux être douée en musique! il est chou!
Puis tout le monde bouge au bureau du représentant du gouvernement car demain dimanche, le ministre de l’agriculture sera là et Percéka fait une représentation pour l’occasion, à laquelle je suis cordialement invitée ! Et en plus je vais voir les répèts !
Ils ne se prennent pas au sérieux, ils font les fous fous, et ils répètent au dernier moment, mais c’est juste super bien ! Et toujours un petit sourire pour moi, une petite attention, ils sont adorables ces jeunes!
Je me réjouis d’être à demain !
Un kaléidoscope de mes amis musiciens, désolée de ne pas avoir retenu tous les prénoms!
Chez Yudi, un couple franco belge est arrivé, Nico et Géraldine, alors ça papote français ! 3 anglaises arriveront tard dans la soirée, à grands coups de présentation dans le salon comme s’il était midi, et de passages par la salle de bain….bref, finie la tranquillité, et vue la taille de la maison de Yudi, ça va être du vrai homestay avec densité de population indonésienne !
Résultat de cette courte nuit, je n’ai pas entendu mon réveil (pour le coup ma nuit fut plus longue que prévu !) et j‘ai loupé la représentation, qui se tenait à 10h !! les boules de chez boules !
Quand je suis arrivée, à 10h10, j’étais persuadée qu’ils n’avaient pas encore joué….et 2h plus tard, quand ils ont commencé à tout remballer, j’ai dit « mais vous ne jouez pas ?»….. «Estelle on a déjà joué, à 10h »….NON !!
Bon pour me consoler j’ai assisté au discours du ministre de l’économie, hein, je suis ravie, et il y avait une expo des produits typiques de Cianjur, comme le batik (dont un modèle que je regrette de ne pas avoir acheté) et surtout des produits agricoles comme le sucre de palme, les mangues, les piments….
La préparation des filles, elles sont trop belles!
Après la bataille!
Le ministre de l'économie!
Le groupe est retourné à l’atelier et je les ai suivis, on a déjeuné tous ensemble et passé l’après midi à discuter, faire la sieste, jouer de la musique, regarder des petits films de danse sundanese…quelle excellente journée en leur compagnie ! J’ai peut être loupé la représentation mais j’avais eu la répétition, et surtout j’ai eu tout le reste de la journée avec eux, groupe soudé, qui s’entraide (surtout pour trouver les mots quand ils veulent me parler en anglais!), qui passe leur temps à rire et faire les fous, à fredonner ou à danser
Pa Tatang est multidisciplinaire!
La relache après le spectacle
Merci les jeunes, « Nuhun » (merci en sundanese), et merci Pa Tatang, pour ces bons moments avec vous, pour votre accueil, le temps que vous m’avez consacré, pour votre talent ! Si qqn projette des vacances en Indonésie, et arrive ou part par Jakarta, il faut passer par Cianjur et visiter Percéka, mon meilleur souvenir de l’Indonésie !
Pour terminer cette belle journée, tous les invités de Yudi (les belges, les anglaises et moi) dinons d’un bon lontong sur la terrasse, avec le jeune Henri (un autre membre de l’équipe) qui nous révèle lui aussi ses talents à la guitare et au chant !