Phnom Penh ou la ville des P : phnom, penh, prison, piscine, pizza...

8 avril 2011

Phnom Penh ou la ville des P : phnom, penh, prison, piscine, pizza...

Retour à la ville ! Ca fait depuis, aller, Chiang Mai et ses 174000 habitants, ou Vientiane et ses 220000 habitants, que je n’étais pas passée dans une grande ville ! Et Phnom Penh est une vraie capitale de pays en développement, un vrai concentré d’opposés, du bidonville aux ambassades et villas qui vont avec, et une riviera huppée où l’on trouve tout pour satisfaire l’expat et le touriste. Phnom Penh, 1,7 millions d’habitants, de quoi faire de bonnes journées de marche pour découvrir la ville comme j’aime. Ca brasse, ça tuk tuk « Tuk tuk Madam ? », ça klaxonne, ça bouchonne, ça vit ! Evidemment je trouve le moyen de loger à côté de 2 avenues (je ne réfléchis jamais assez avant de choisir une guest house !) et je suis réveillée très très tôt le matin….voire plus (voire plus loin !)

J’y retrouve Charle, un québécois rencontré à Don Det, avec qui on avait aussi partagé qq Angkor beers à Siem Reap. Charle voyage avec son papa, son papa voulait partir au Cambodge et au Laos et sa femme ne voulait pas voyager avec lui alors il a emmené Charle. C’est trop drôle de les voir tous les 2, ils sont marrants et très sympas, et c’est touchant. Ils m’ont permis de ne pas passer mes soirées seule à Phnom Penh.

Après mon traditionnel tour de découverte le jour de l’arrivée, nous nous donnons RDV, avec Charle, au musée Tuol Sleng. Tuol Sleng est l’ancienne prison S-21, QG des dirigeants khmers rouges, et théatre des pires atrocités commises pendant la période d’avril 1975 (prise de pouvoir par les khmers rouges) à janvier 1979 (libération de Phnom Penh par les Vietnamiens). Je redoutais un peu d’aller visiter ce musée seule, je suis un peu soulagée d’y aller avec Charle, je lui prendrai la main si je me sens défaillir ! Enfin Charle est une pile électrique et il va 3 fois plus vite que moi pour visiter le musée !

Ca fait envie....

Le bâtiment dans son ensemble, autrefois un lycée transformé en prison, entourée de barbelés, annonce la couleur. A l’intérieur de l’enceinte, 3 bâtiments où sont regroupés photos et peintures (réalisées par quelques un des 14 rescapés – seulement 14 – lors de la libération), témoignages…

Dans l’un des bâtiments, on trouve de grandes pièces, avec un lit métallique et des instruments de torture : c’est dans ces pièces qu’avaient lieu les interrogatoires musclés infligés par les partisans.

Dans le bâtiment voisin, ce sont les cellules, de vagues murs de briques ou des cloisons en bois forment un ensemble de cellules de 2m de profondeur sur 0,9m de large. Ici s’entassaient les prisonniers en attente de leur interrogatoire (souvent fatal) ou de leur transfert au camp de la mort de Choeung Ek.

Le 3eme bâtiment regroupe les photos, peintures et témoignages. Tous comme les nazis, les khmers rouges étaient méticuleusement organisés afin d’avoir une trace de tous les prisonniers qui passaient par S-21 : le résultat est un kaléidoscope de milliers de photos, hommes, femmes, enfants, vieillards, au regard triste, apeuré, interrogateur, vague, insignifiant….ces photos sont extrêmement poignantes.

Les peintures sont l’œuvre de certains rescapés qui ont peint « ce qu’ils avaient entendu sans l‘avoir vu ».

Enfin, les témoignages sont édifiants, surtout ceux des partisans khmers rouges, qui pour la plupart ne regrettent pas ce qu’ils ont fait, comme s’ils n’avaient pas conscience de la barbarie de leurs actes (la plupart des génocidaires hutus éprouvent les mêmes sentiments).

Un musée très très intéressant, se retrouver dans les pièces donne la chair de poule (moi j’en avais les larmes aux yeux évidemment !) et permet de savoir, de comprendre, et de ne pas oublier (pour les jeunes générations khmères). Je n’ai pas été aussi secouée que ce que je pensais, mais tout de même, j’en suis ressortie un peu pâlichonne je pense !

On passe au marché pour se remettre de tout ça devant un curry de poulet, avant de prendre les vélos, direction le camp de la mort de Choeung Ek, à qq 12km de la ville.

Le marché O'Russei

Rouler à vélo à Phnom Penh ce n’est pas rouler à vélo à Don Det….my God, on a bien failli mourir 10 fois, tout ça pour aller au camp de la mort, c’est ballot!!

Et en plus y faut s'arrêter aux feux!

L’ambiance à Choeung Ek est au recueillement, ici les seules traces (et pas des moindres) sont des dizaines de crânes de victimes regroupés dans un mausolée, tout le reste a été détruit lors de la libération. Il y a des panneaux qui indiquent des bâtiments, et un film pour expliquer un peu tout ça….en gros, il faut faire marcher son imagination….Il y a aussi une pièce qui reprend certains éléments trouvés à Tuol Sleng, ce qui me permet de mieux comprendre, 2 fois valent mieux qu’une !

Le retour, à l’heure de pointe, est assez épique, mais ça nous fait bien marrer ! On a encore failli se faire tuer 10 fois, on arrive lessivés mais surprise ! Charle et son papa (André) on un critère pour choisir leurs hôtels : une piscine ! (c’est sur ça n’a rien à voir avec mes guest houses pourries à 5$ !)….du coup on va se relaxer dans la piscine (d’eau salée) avant de siroter qq petits cocktails au bord de la piscine….ça a du bon de voyager avec son papa !! J’ai (presque) honte mais ça fait du bien un peu de luxe de temps en temps ! Pour couronner le tout nous allons diner dans un resto « chic » avec vue sur la rivière….ça vaut le coup de payer qq dollars de plus car c’était vraiment très bon, et très bien présenté, et un personnel aux petits soins….enfin un resto chic quoi ! Une très bonne soirée, je suis contente de passer du temps avec Charle et André car être seule dans une grande ville c’est pas très marrant, dans une petite ville ça me dérange beaucoup moins, je me sens moins « vulnérable ».

Fatigué Charle?

Un banc "saison des pluies"

Ma 2eme journée à Phnom Penh se déroule comme j’aime, pas de stress et découverte de la ville (enfin, une toute petite partie de la ville) à pieds. Les alentours du marché central et du marché O’Russei (le marché de bouffe) sont très encombrés mais ailleurs, c’est plus calme, ça fait du bien.

Graines de lotus (il parait que ça a un gout de noisette)

C’est une ville assez agréable à visiter, et surtout facile de repérage puisque tout ou presque est perpendiculaire ou parallèle, avec de beaux noms tels que «street 180 », « street 90 »….j’adore les villes comme ça, c’est impersonnel au possible ces chiffres mais qu’est ce que c’est simple ! Y a 2-3 noms quand même, dont certains valent quand même d’être mentionnés : boulevard Charles de Gaulle et rue Pasteur !

Je retente ma chance pour un don de sang, à Phnom Penh il y a une vraie banque de sang. Cette fois ci c’est ok, ma pression artérielle a diminué (pourtant Phnom Penh n’est pas une ville des plus relaxantes), et je repars avec 350 ml de sang en moins et un beau tshirt taille XL ! Ah je suis contente (du don de sang, pas du tshirt !).

Forcément je passe aussi faire un petit tour par l'Institut Pasteur et par l'hopital!

Je suis aussi très contente d’avoir vu passer la voiture avec Monsieur le Président du Timor dedans, du coup pas de visite du palais royal puisque c’est fermé, pour cause de visite du président du Timor. De toute façon André a dit « c’est plein de dorures et d’argenteries » !

Il est très joli de l’extérieur ce palais présidentiel, tout comme tout le quartier autour, avec le national museum, la riviera chic….

La "riviera"

Pour fêter la fin des vacances de Charle et André, on se boit qq cocktails au bord de la piscine et on vote pour aller manger une pizza (on en a tous une énorme envie !) et carrément pas de regret, c’était super bon (le proprio est italien et probablement que la plupart des produits utilisés viennent d’Italie), de l’entrée au dessert ! Ca fait du bien une petite entorse au régime asiatique!