Les zones protégées du Laos : rando dans le parc de Nam Ha
Mardi matin, nous joignons un groupe de 3 allemands (un papa et ses grands garçons, adorables), 2 italiens et un couple de français pour le fameux trek. Boonmee est notre guide, et est accompagné de 3 personnes (désolée je ne me souviens plus du nom) qui portent les vivres et feront la cuisine pour nous.
La ville de Luang Nam Tha a été pionnière dans le développement de l’éco tourisme dans les années 90. Les agences proposent des treks passant par des zones protégées, avec arrêt et/ou nuit dans des villages : 30 à 35% du prix payé pour le trek reviennent au village. Le Laos est beaucoup plus rural que son voisin thaïlandais, ici beaucoup de villages, de champs, de maison en bois, beaucoup moins de gros 4x4, plus de motos et de vélos. Il n’y a pas si longtemps, le Laos faisait partie de la liste des 20 pays les plus pauvres au monde….ici il y a 2 économies, l’économie locale et l’économie du tourisme, et nous allons voir que ce n’est pas particulièrement une destination pas chère.
Par contre, tout comme en Birmanie, les gens sont simples et souriants, les enfants lancent des « Sabaidee » (bonjour) en souriant, je trouve que c’est une population très calme, très sereine, voilà, pour l’instant, je trouve que c’est serein ici. J’espère que ça le sera tout au long du voyage.
Nous passons par le marché de Luang Nam Tha, puis après une grosse 1/2h de mini van nous atteignons le village de Palang. Nous commençons par une montée dans la jungle qui me rappelle les montées dans le Parc National de Teluk Bahang en Malaisie, on transpire bien ! Boonmee nous explique qq principes de médecine lorsque nous voyons des arbres fréquemment utilisés pour traiter maux de ventre et hémorragies.
Au bout d’une heure et ½ nous faisons la pause déjeuner, des plus écolo : table en feuilles de bananiers, baguettes en tiges de bananiers, sticky rice dans des feuilles de bananiers, et accompagnements tels que omelette, légumes et poulet sautés, légumes cuits à la vapeur, un délice de pic nic écolo !
L’après midi de rando est courte puisqu’à 14h30 nous arrivons au village. Un village sur les hauteurs du parc, entouré de jungle, mais lui-même pelé, peu de vert dans le village même, tout a été mangé par les nombreux animaux qui vivent dans le village, un paysage qui fait un peu penser à l’Afrique.
12 familles vivent ici, pour une population de 120 habitants, ce qui fait beaucoup d’habitants par famille….tout autant d’animaux, vaches, cochons, chiens, coqs, poules, qui grattent la terre à longueur de temps à la recherche d’une maigre pitance. Seulement une personne dans le village parle Lao et peut échanger avec nos guides, sinon, c’est un peu conversation morte.
Nous installons nos affaires dans notre cabane, et nombreux femmes et enfants viennent voir les nouveaux, forcément, un groupe nouveau tous les jours !
Un Lonely Planet du Laos permet de « discuter » grâce aux photos et à la carte, et le monsieur allemand se met à dessiner les enfants, les animaux. Ca permet d’échanger un peu, de voir qq sourires.
On voit bien que l’eau est très rare car les vêtements et les corps sont poussiéreux. Et pour cause : nous descendons à la rivière, qui sert de point d’eau, de salle de bain et de machine à laver et là…..plus qu’un mince filet d’eau, les femmes puisent l’eau dans une sorte de puits dans la forêt, remplissent les bidons, font la lessive et leur toilette avec ce peu d’eau, sous les rires des enfants qui s’amusent à Tarzan dans les arbres autour. La saison sèche est une période très difficile pour eux, comme pour les animaux, qui doivent descendre à la rivière mais ne trouvent pas d’eau, et le puits est inaccessible pour eux. Bref ça fout un coup, pourtant j’ai déjà vu ce genre de situations, et je sais très bien que ça existe, mais se retrouver en face met toujours un peu mal à l’aise. Ce sont aussi des populations qui choisissent ce mode de vie, car l’attachement à la tribu est plus important que l’accès à un mode de vie plus moderne. Ce qui fait le plus mal, c’est de voir que ce sont les femmes qui font tout ça, et qui remontent l’eau de la rivière….je prendrai bien un ou deux bidons pour les remonter, mais je ne sais pas comment ça serait perçu (ouh la bonne excuse !!).
Par contre, certaines personnes au village ont un téléphone portable ! Toujours les incohérences du monde moderne qui s’immisce dans la tradition !
On marche un peu autour du village puis on rentre et on discute entre nous et avec le guide. Pour l’instant les enfants doivent faire 2h de marche pour aller jusqu’à une école dans un autre village, où ils passent la semaine. Une école va être construite cette année dans ce village, grâce entre autres à l’argent reçu par le passage des treks. Le reste de l’argent est utilisé lorsque les villageois descendent dans la vallée, pour acheter des légumes (rien ne pousse autour du village), du riz, des vêtements, du savon.
18h, l’heure du diner, waouh, on risque d’avoir faim pendant la nuit ! Comme pour le déjeuner, on installe une nappe de feuilles de bananiers sur les nattes, et on déguste sticky rice, poulet et légumes sautés, et légumes cuits à la vapeur. On a même droit à un dessert, une sorte de galette cuite sur le feu, dont le gout me rappelle celui d’une gaufre.
Et puis le clou de la soirée, une liqueur locale appelée « Lao Lao », un tord boyaux qui chauffe tout le corps, une bonne vieille liqueur des campagnes!
La soirée se termine par des conversations devant le feu, avec le cuisinier qui tourne avec sa bouteille de Lao Lao….il semble que chacun de nous ait vite abandonné la consommation de Lao Lao !
A 21h nous sommes tous au lit, en rang d’oignons sur la paillasse, petits matelas et moustiquaires (pas nécessaires car il y a peu de moustiques, mais l’intention est très délicate)….y aura-t-il des ronfleurs ??? JIl ne fait pas très froid, je pensais que ce serait comme en Birmanie et j’avais apporté mon nécessaire de survie dans les montagnes !
Dans la nuit, je me réveille en ayant très mal au ventre, je sors « pour aller aux toilettes » (merci les qq buissons !). La lune éclaire très bien et on ne se sent pas du tout seul quand on sort la nuit : une armée de cochons, chiens, chiots, poules….vient voir ce qui se passe, c’est assez flippant sur le coup ! Au bout de ma 3eme sortie (oui oui, j’ai bien la turista !), je m’y habitue, je discute avec eux, ça fait de la compagnie !
Je suppose que la Lao Lao est responsable de cet épisode, génial, en pleine rando ! Je me réveille flagada au possible, avec nausées et crampes d’estomac, plus un passage derrière les buissons toutes les 10 min. Le sticky rice sera amplement suffisant pour le petit déj, au milieu des montagnes encore brumeuses et du village déjà réveillé depuis longtemps. Dans mon malheur, les 2 français sont médecins, et la fille est gastro-entérologue ! Bon ok, pas besoin d’être gastro-entérologue pour filer de l’Immodium à quelqu’un qui a la turista ! Mais c’est rassurant !
Je sens que la journée va être longue….malgré tout, j’arrive à avancer sans trop de difficulté, je pensais que j’aurai moins d’énergie. Et puis finalement c’est pas si mal d’être dans la forêt quand on est malade, c’est juste « open toilets » !
Evidemment la journée d’aujourd’hui est beaucoup plus fournie que la veille, ça monte, ça descend, et je dois dire que je suis dans un brouillard qui ne me permet pas vraiment de me souvenir de ce qui s’est passé : je me concentre sur mes crampes d’estomac, et tente de ne pas m’arrêter trop souvent pour ne pas retarder le groupe.
C’est surtout de la jungle, il fait chaud, et vivement qu’on arrive !
La pause de midi dans une cabane me permet de faire une petite sieste et de manger un peu de sticky rice, pendant que les autres se régalent encore une fois !
La fin de la rando se déroule au bord des rizières sous un beau soleil : voilà pourquoi j’aime l’Asie du Sud Est, j’aime le vert des rizières, le reflet du soleil dans les canaux qui bordent les rizières, et quand il y a des montagnes et de la forêt autour, c’est encore plus beau ! Un beau paysage qui me donne un peu d’énergie pour finir, dans la forêt, mais moins dense que la jungle, un paysage dont je ne me lasse pas.
Enfin nous arrivons au village, vite un coca !
Et vite un lit en arrivant à Luang Nam Tha, après de chaleureux remerciements à nos guides et accompagnateurs, et à l’hôtesse de l’agence de trek qui est des plus charmante et souriante. On se dit au revoir vite fait avec les autres participants car on se reverra forcément le soir, Luang Nam Tha c’est tellement grand !
En effet, on recroise tout le monde, on se dit au revoir ou à demain car on se verra probablement à la gare de bus.
Après un autre coca comme diner, je vais me coucher, demain sera une longue journée de bus local pour rejoindre Nong Khiaw à l’est de Luang Nam Tha….je me reposerai une fois arrivée là bas !
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